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mardi 4 septembre 2012

Échappée nocturne (Ébauche)

(Les débuts d'une nouvelle pour le moment laissée dans l'oubli, un jour peut-être je trouverais comment la continuer...Elle date de 2012, je ne sais pas quoi en faire pour l'instant, mais je l'ai écrite, autant la partager.)

Je marchais sous la pluie, les lampadaires ruisselaient faisant scintiller chaque goutte d’eau. Elle ne me voyait pas. J’étais sous la pluie, elle était dans ce café que je connaissais si bien. Nous étions seuls tout deux, nous faisant face, elle près de la fenêtre et moi de l’autre côté de la rue. Nous nous faisions face mais moi seul cherchait son regard. Elle tenait dans sa main un chocolat chaud, avec le supplément de chantilly. J’aimais l’imaginer gourmande, mangeant des tas de choses sucrées, si bonnes et si mauvaises à la fois, devant une série japonaise. Il pleuvait sans s’arrêter depuis le petit matin, une journée triste aux accents lyrique avec l’apparition d’un soleil timide parfois, faisant apparaitre des arcs-en-ciel prometteurs de meilleurs lendemains. A ce moment, elle sortit, son parapluie rose en main, déployé pour éviter aux gouttes d’eau d’abimer son maquillage ou sa coiffure soignée. Elle m’avait attiré depuis quelques semaines, la jeune femme au chocolat chaud supplément chantilly – je me suis souvent dit que cette appellation était un peu trop longue– toujours seule, et respectant ses horaires nocturnes. Nous étions en automne et l’hiver s’annonçant la nuit tombait plus vite. Je me suis demandé en l’observant si je ne la croisais pas justement car la nuit siégeait déjà. Armée de son parapluie coquet elle traversa la rue pour venir marcher de l’autre côté, celui-là même où j’étais arrêté depuis bientôt une demi-heure à la fixer. En réalisant cela, et en prenant conscience surtout qu’elle avait certainement du sentir mon regard et comprendre que je ne l’avais pas quittée des yeux tout ce temps, une gêne m’envahit. Perdu dans mes pensées j’avais continué à la dévisager jusqu’à ce qu’elle traverse la route. Elle s’arrêta tout juste devant moi. Un peu surpris, je détournais le regard, timide et un peu désemparé.

« Je m’appelle Aya » Elle se présenta tout naturellement, d’une voix douce mais cependant je notais le ton espiègle sur lequel elle s’était annoncée. Je décidai de jouer la carte de la dérision. « Enchanté, Holden. Je ne vous avez jamais vu, vous êtes une habituée des lieux ? - Ho non pas du tout ! C’est la première fois que je viens, j’en avais entendu dire du bien au sujet de leur chocolat chaud tout simplement. Et vous, vous connaissez ce quartier ? - J’habite tout près d’ici, ce café se trouve par hasard sur mon chemin quotidien. - Vous vous promenez souvent seul, le soir, près d’ici Holden ? - C’est-à-dire … J’aime beaucoup m’en aller après le diner pour une promenade digestive, pour laisser libre cours à mes pensées. » Nous jouions très bien au petit jeu de la première rencontre. Pendant notre échange je du admettre que je m’étais fais démasqué depuis peut être le début. Mais alors … elle devait aussi m’observer de son côté ! Une complicité naturelle s’établit donc entre nous rapidement. « Vous semblez un loup solitaire, j’en suis presque à éprouvé de la pitié pour vous , dit-elle moqueuse. - Je vous renvoie la remarque, jamais personne à votre table. Une jolie jeune femme si seule le soir, vous êtes peut être plus à plaindre. - Soit, oublions nos chamailleries Holden. Nous nous épions depuis quelques temps maintenant, de façon il faut le dire plus ou moins discrète. » Je le pris comme un reproche et me rembrunit. « Ne le prenez pas mal voyons, je ne veux pas vous vexer. » - Voulez-vous que nous reprenons sur des bases plus franches ? je fis le premier pas vers l’honnêteté. - Avec plaisir ! Pouvez-vous me dire dans ce cas, d’où vous vient cet intérêt pour ma personne, si je ne m’abuse ? Elle avait un sourire superbe en demandant cela, un doux sourire franc. Quitte à la surprendre, j’allais lui parler en toute franchise. « Je vous ai aperçu un sombre soir pour la première fois. Vous étiez seule et pourtant je vous ai trouvé souriante, joyeuse. Il se trouvait que ce jour là l’endroit était plutôt désert et si quelqu’un s’intéressait à ce café il n’aurait vu que vous, prés de la fenêtre. Il aurait suffit que ce soit un jour de grande activité et j’aurais continué mon chemin. En fait, je ne sais pas bien pourquoi mais votre apparent bonheur, alors que vous n’étiez pas accompagnée, sans lecture ou occupation, m’a intrigué. Veniez-vous de passer une très bonne journée, aviez-vous vu quelqu’un qui vous manquait, aviez-vous appris une bonne nouvelle … ? Je me posais toute sorte de questions à votre sujet soudainement et ayant foi dans le hasard je décidai de retourner le lendemain ici même, voir si vous étiez toujours présente… Ainsi je vous ai attendu chaque jour, vous découvrant peu à peu de loin, vous imaginant vivre par les bribes de vie que je pouvais capter de l’autre côté de la rue chaque soir. Je ne suis pas un obsédé ou un pervers, croyez moi ! C’est juste que j’ai commencé à prendre comme habitude de finir mes journées avec vous, d’une certaine façon. J’aimais vous voir boire, deviner quand vous alliez partir, demander l’addition. Je dois vous paraitre bien ridicule à m’émouvoir d’une jeune femme inconnue, de ses faits et gestes si anodins. Et pourtant … j’ai été attiré par votre allure, votre regard, vos expressions.»

Je venais d’ouvrir mon cœur, j’avais été entièrement sincère et s’ensuivit un silence. Je me demandais ce qu’elle en pensait, si elle allait me croire ou me prendre pour un détraqué… Je me mis à rougir violemment en repensant aux mots que j’avais laissé échappé, à une parfaite inconnue. En y repensant, ce pourrait ressembler à une confession. N’étant pas habitué aux expressions sentimentales je me sentis terriblement confus. Pour cacher ma gène, je me retournais pour regarder le fleuve.

C’est elle qui rompis le silence. « Dites, vous aimez les glaces ? J’adore les glaces aux fruits, rouge surtout. C’est un peu mon péché mignon qui m’aide dans mes émotions. Je connais un très bon glacier un peu plus loin, voulez-vous m’accompagner ? « Je ne refuse pas une telle offre. Il fait un peu froid pour une glace, mais une gourmandise ne se fait pas prier ! » J’avais repris de l’assurance et décidai que je me laisserais plus submerger par mes émotions, ou du moins je ne me recroquevillerais pas comme un chiot sur moi-même. Une fois cette décision prise, j’étais plus assurée quand à la suite de cette soirée.

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